Histoire de l’orgue

Le Projet :

Il consiste à doter l’église Saint-Martin de Grandvillars d’un instrument s’inspirant d’une esthétique visuelle et sonore de transition, entre Renaissance et Baroque. C’est en effet pendant cette période qui s’étend en matière de construction d’orgues de la fin du 16e siècle à une grande partie du 17e siècle, que l’orgue espagnol,tout en gardant ses bases héritées de la facture flamande, s’affirme dans sa spécificité.

La technique des jeux coupés en basse et dessus commence lentement à se développer, permettant d’obtenir des contrastes sonores sur un seul clavier. Dans quelques cas, le jeu de Dulzaina placé horizontalement à l’extérieur du buffet dès la fin du 16e siècle préfigure ce que deviendra plus tard et systématiquement au 18e siècle l’un des effets les plus saisissants et séduisants de l’orgue ibérique, le son direct et percutant des trompettes « en chamade ». (voir plus loin « Naissance et évolution de l’orgue espagnol »).

Ce type d’instrument correspond aussi à l’éclosion d’une école très riche en matière de composition pour orgue, dont les plus illustres représentants sont : Sebastian Aguilera de Heredia, Francisco Correa de Arauxo, Pablo Bruna, Juan Cabanilles, qui ont tous écrit pour un orgue de ce style.

Pour permettre l’interprétation de l’ensemble des compositions espagnoles jusqu’à la fin du 18e siècle et donner à l’instrument l’aspect sonore saisissant décrit plus haut, la composition globale de base axée sur une esthétique sonore Renaissance (qui perdure, ne l’oublions pas, pendant une grande partie du 17e siècle), sera complétée par un jeu de Clarin en dessus et de Bajoncillo dans la basse, ainsi que par un cornet de 7 rangs. Ce complément s’inscrit dans la logique de ce qui s’est fait systématiquement en Espagne à partir de la fin du 17e siècle et dans la réalité d’une évolution pratique, au moment même où une conception un peu différente s’impose, aussi bien dans le traitement sonore que dans la modification de la structure des sommiers, de la mécanique et des buffets. Il convient de souligner que les nouvelles options sonores du 18e siècle n’ont pas radicalement transformé ou révolutionné la conception de base de l’orgue ibérique.

Pourquoi un orgue ibérique à Grandvillars ? Les raisons sont multiples :

Ce type d’instrument fait cruellement défaut dans toute la région et dans la France entière ainsi que dans les pays limitrophes.
L’acoustique claire et réverbérée de l’église Saint-Martin est parfaite pour mettre en valeur ce type d’orgue.
L’orgue espagnol idéal reste un instrument aux dimensions très modestes. Le budget à prévoir est bien inférieur à celui qui serait nécessaire à la construction d’autres types d’instruments. Un tel projet n’est donc pas utopique dans le contexte économique actuel.
La remarquable qualité des travaux des artisans d’aujourd’hui assurera à cet instrument une valeur pérenne. Il s’agit de construire un instrument de haute valeur patrimoniale, pour un siècle et bien au-delà, patrimoine très rare qui assurera une célébrité à la commune de Grandvillars et fera parler d’elle bien au delà de la frontière régionale et même nationale.
Cet instrument pourra attirer à Grandvillars des manifestations musicales de grande qualité dans le cadre de festivals décentralisés, permettra des initiatives en matière d’actions pédagogiques, suscitera des projets d’enregistrements, tout en assurant parfaitement un rôle culturel et cultuel régulier au service de la population.
Le désir affirmé depuis quelques années par les acteurs culturels de Grandvillars d’installer dans l’église Saint-Martin un orgue digne de ce nom constitue l’opportunité à saisir pour compléter la riche palette sonore des instruments du Territoire, et propulser ainsi la commune au premier plan pour ce genre d’initiative.